La magie en Alméra
Le sujet a déjà été largement introduit par la voie des croyances alméraines qui véhiculent la plus large part des pouvoirs de la foi et de la magie divine. Etant donné qu’il s’agit de la source de pouvoir la plus efficace pour lutter contre les Morts, la magie divine est largement officialisée et répandue, encouragée même, par le biais des religions. Elle n’est cependant pas la seule et deux autres aspects de la magie, plus ou moins répandus, se partagent le reste des usages.
La magie naturelle
Les connaissances et le savoir lié à la magie naturelle découlent de la cosmogonie générale dégagée par les Elfins qui, en tant que race aînée, ont fortement marqué de leur empreinte et jalonné les sentiers de l’occulte sur Alméra. Dans cette cosmogonie où deux mondes fortement intriqués, que sont le monde matériel et le monde spirituel, constituent le réel, il est admis que des formes de vie purement spirituelles existent et tentent tout au long de leur existence de se rapprocher des choses matérielles. De ces interactions naissent des phénomènes dit « magique », en réalité entièrement dépendant des menées effectuées depuis le monde spirituel.
Le contrôle de la magie naturelle résulte dans un premier temps de l’effort réalisé par les êtres incarnés pour dépasser les limites de leur enveloppe corporelle, atteignant en cela le monde spirituel, puis, dans un second temps, des rapports que l’esprit ainsi désincarné entretient avec le monde auquel il a accès. Une grande discipline et une forte connivence avec les éléments, les esprits et la nature sont des qualités indispensables à cette pratique. Quant aux « relations » à proprement parler avec le monde des esprits, elles varient selon les écoles et les enseignements.
Il existe différents degrés de maîtrise de la relation corps-esprit, esprit-esprit et esprit-matière, les premiers étant relativement accessible aux communs. En effet, la magie naturelle de par son ancienneté et sa facilité de compréhension est omniprésente et presque à la portée de tout le monde. Les gens du peuple excluent son usage au quotidien pour des raisons d’investissements en temps et en énergie, ainsi que de respect pour des forces qui, somme toute, les dépassent mais, que ce soit en Aodissia ou dans le Domaine Elfin, la magie naturelle est très répandue, et sert aisément de soutien pour toutes les tâches exceptionnelles. Certaines cultures ont établi une relation de déférence envers les esprits et sont, de la sorte, davantage des pratiquants de la foi que de la magie naturelle.
La magie naturelle ne peut pas accomplir quelque chose au-delà de ses limites. Si les interactions des esprits avec la matière et les éléments offrent une large palette de capacités et de phénomènes, ceux-ci ne sont rien de plus que ce que ces interactions peuvent accomplir, contrairement aux pouvoirs de la foi qui transcendent la réalité des choses, ou aux pouvoirs des arcanes qui la violent.
La pratique de la magie naturelle est largement répandue et même culturellement centrale pour plusieurs peuplades d’Aodissia, à savoir :
Harmonie de l’âme chez les Ariolins
Si les Ariolins refusent presque tous et systématiquement les capacités liées à la magie des arcanes, ils sont en revanche très capables quand il s’agit de comprendre et de pratiquer la magie naturelle. Celle-ci fait partie presqu’intégrante de la discipline martiale enseignée par leurs Lassanjii (les enseignants des préceptes du Fassouah).
Le Grand Esprit chez les Chantepinistes
Tout divisible duquel sont issus les esprits de tout être et qui y retournent après leur décès, le Grand Esprit des Chantepinistes est tout à la fois le dieu et l’incarnation des choses. Si les Hommes-Médecines chantepinistes sont des serviteurs directs du Grand Esprit, les Sorciers sont ceux qui communient avec lui au travers des êtres et des choses qui les entourent. Autrement dit, les Sorciers sont des mages naturels et leurs pratiques de la magie est teinté d’animisme quand ils n’ont pas clairement la capacité d’être autant Homme-Médecine que Sorcier.
Les dons des Montairinistes
Les Montairinistes, d’origine similaire aux Chantepinistes, usent de pratiques similaires si ce n’est qu’il n’existe pas d’équivalent de l’Homme-Médecine chez eux, et pour cause. Ils considèrent que leur dieu est contre eux, leur infligeant une épreuve perpétuelle dont ils ne verront la fin que lorsqu’un événement particulier le leur permettra. Les mages naturels montairinistes font ici office de prêtre du culte. C’est par le biais de cette magie ritualisée que les Montairinistes reçoivent les dons qui leur permettent de subsister dans leur milieu hostile et ce dès la naissance.
Les druides Bretanii
Chez les Bretanii, les druides sont les tenants tant de la religion que de la culture. Ils sont à la fois dépositaires de la magie divine et de la magie naturelle. S’ils font la différence entre ce qu’ils « demandent » aux dieux et ce qu’ils « demandent » aux esprits en terme de mécanisme pratique entre l’une et l’autre des magies, leurs deux façons de faire de la magie se mélangent parfois allègrement. Quoiqu’il en soit, cela ne les empêche pas de boire, l’alcool étant une composante importante des traditions bretanies.
Les Shaati Farkis Assanii
Les Assanii font assez peu cas des différentes magies. Ils ont peu de pratiquants chez eux, tous appelés Shaati. Ils distinguent toutefois ceux qui n’ont pas de pouvoir sur les Morts (donc ceux ne pratiquant finalement que la magie naturelle) par le vocable Shaati Farkis.
La magie des arcanes
Sujet controversé en Aodissia, la pratique indifférente de la magie des arcanes dans le Domaine Elfin et son absence dans le Royaume Dudin créent un clivage culturel important d’un bout à l’autre d’Alméra. La désignation d’arcane s’applique davantage à l’ignorance de son procédé qu’à sa compréhension, attendu que, pour les initiés, le secret même entourant l' »arcane« , a été levé et n’a plus lieu d’être. Pour le commun et le non initié, la magie des arcanes est une magie secrète ou, à tout le moins, dévoilant les secrets de l’univers, ce qui est aussi véridique que faux.
Il faut déjà considérer que tout le monde n’a pas la capacité naturelle à exploiter le pouvoir des arcanes. Pourtant, sur Alméra, les Elfins savent comment accorder ce don. Chez les Humains, l’on sait comment l’enlever. Il n’en reste pas moins que ces procédés antiques demeurent mystérieux et que ce qui fait qu’un être dispose ou non d’une affinité avec la magie des arcanes est inconnu. Ce qui importe le plus est de savoir que la magie des arcanes s’apparente davantage à une science et ce même si elle est basée sur un don peu répandu.
La source de cette magie est liée, semble-t-il, aux imperfections de l’univers. Certains phénomènes se produisent dans le monde et ceux-ci n’ont rien à voir avec la foi ou les esprits. Ces phénomènes, contre-nature et accidentels, ont fait l’objet de nombreuses études qui ont démontré que certaines personnes possédaient la capacité de les provoquer. A force de recherches et d’expérimentations, le concept même de magie des arcanes s’est développé, formalisant et codifiant les effets et les méthodes pour les créer et, surtout, les contrôler.
C’est du moins ce que l’histoire écrite de la magie des arcanes sous-tend, de la même façon qu’elle raconte que la folie du pouvoir de certains Humains les a menés à créer des rituels bien trop puissants et dangereux pour être contrôlés, tels que celui qui provoqua la destruction d’Astendar et marqua tant la fin de l’Empire que l’arrivée des Disciples d’Aod. Suite à ce cataclysme contenu en partie par l’ingéniosité des Elfins, la magie des arcanes devint lettre morte chez les Humains. Les Disciples d’Aod firent disparaître toutes les connaissances et tous les tenants de la magie des arcanes en dressant un interdit sur cette pratique pour les Humains.
Il s’écoula de nombreuses années et Alméra vit l’apparition des Aodis avant que cet art soit à nouveau étudié, sous leur houlette cette fois. C’est ainsi que se forma l’Académie d’Otaren.
L’Art des Arcanes chez les Elfins
Les Elfins élèvent au rand d’art la plupart de leurs connaissances et applications concrètes. Il en va ainsi pour ce qui porte le nom d’Art des Arcanes chez eux. A noter que contrairement aux Humains, les Elfins n’ont aucune perception négative de la magie des arcanes, ne l’opposant en rien aux pratiques de la magie naturelle ou du pouvoir de la foi. Il ne s’agit pour eux que d’une pratique parmi d’autres qui complète, d’une certaine façon, leur conception de l’univers. Encouragé comme toute autre activité, l’Art des Arcanes peut même être appris par les rares Elfins ne possédant pas « le don ». Celui-ci leur est alors accordé par magie.
Un Elfin artiste des arcanes dédie l’usage de son pouvoir à son occupation, comme n’importe quel autre Elfin le ferait. Quelle que soit la magie dont il se sert tout Elfin peut occuper une même fonction au sein de la société elfine. Il n’est donc pas rare de voir se côtoyer des utilisateurs du pouvoir de la foi, du pouvoir des esprit ou du pouvoir des arcanes dans le même corps de métiers, quand ces qualités ne se retrouvent pas en une seule et même personne.
L’Académie d’Oraten et les renégats Humains.
L’Aodis Otaren a fondé l’Académie pour encadrer l’usage de la magie des arcanes chez les Humains. L’objectif de cette institution est de garder le contrôle sur les personnes possédant « le don » afin que celles-ci soient informées du caractère dangereux de leurs capacités et soient formées à leur bon usage. Si l’Académie s’évertue à codifier l’usage de la magie, il n’en reste pas moins qu’elle ne peut contraindre un Humain possédant le don à la rejoindre. Toutefois, la société aodissienne a placé cette liberté sous condition. Tout mage des arcanes doit être soit membre de l’Académie, soit disposé à acquérir le Droit d’Usage, soit être privé de son don. Toute personne disposant du don, ignorant volontairement ces conditions, est un renégat.
Les membres de l’Académie occupent une fonction au sein de l’institution. Différents corps de métiers sont nécessaires pour la faire fonctionner, des enseignants aux administrateurs en passant par le service d’ordre, l’intendance, l’artisanat, etc.. Les dépositaires du Droit d’Usage ont refusé d’occuper un poste dans l’Académie mais veulent continuer à se servir de leurs capacités à l’occasion. Tout mage des arcanes dans cette situation est susceptible d’être interpellé par les autorités pour justifier de son Droit d’Usage. C’est une sorte de permis d’utiliser la magie, lequel n’est délivré qu’après avoir suivi un stage à l’Académie. Très rares sont ceux qui préfèrent être privé de leur don, la procédure étant risquée et finalement de peu d’intérêt compte-tenu que le Droit d’Usage est relativement facile à obtenir et n’impose que très peu de contraintes.
Les renégats ne sont considérés comme tels que s’ils ont volontairement voulu se soustraire aux règles et font usage de la magie des arcanes sans disposer, a minima, du Droit d’Usage. Pourchassés par le Service d’Ordre de l’Académie et les Chevaliers du Destin, les renégats sont assez rares.
Les autres pratiquants
En dehors du Domaine Elfin et du cadre strict imposé par l’Académie d’Otaren en Aodissia, les pratiquants de magie des arcanes sont très rares. Les Dudins peuvent parfois avoir une affinité avec cette forme de magie mais elle est détestée chez eux. Les mages des arcanes Dudins forment une communauté marginale dont les pratiques sont jugées déshonorantes, du moins officiellement. L’on reconnaît de façon hypocrite que la magie des arcanes est seule à pouvoir résoudre certains problèmes et personne ne souhaite vraiment voir disparaître leurs pratiquants.
En Aodissia, d’autres peuples utilisent des formes particulières de la magie des arcanes.
La Nécromagie des Oraorinii
Les Oraorinii anciennement appelé Issaliens disposent d’une culture séculaire de la Nécromagie, une exploitation du pouvoir des arcanes pour animer et contrôler les morts. Les Oraorinii ont d’ailleurs été montré du doigt lors de la Levée des Morts, bien des Aodissiens pensant qu’ils en étaient responsables. Ils étaient à cent lieues de se douter que même la magie des antiques Issaliens ne pouvait rien contre les Morts, ne servant qu’à retenir ou détruire les plus faibles sans plus de chance d’en garder le contrôle. La Nécromagie reste toutefois enseignée et pratiquée par les Oraorinii.
La Taromancie des Nomades
Les Nomades se sont également penché sur le développement d’un nouvel usage du pouvoir des arcanes qu’ils nomment la Taromancie. Plus qu’un art divinatoire, la Taromancie exploiterait les 22 figures de leur tarot pour influencer leur voyage, faisant plus que de prédire l’avenir. Du reste, la vie des Nomades étant déjà cadencée par un rythme particulier dans lequel les 21 Grands Esprits Telluriques s’incarnent, est en soi et pour eux une forme de pratique liée à leur croyance dans le Tellurisme. Ce mariage improbable de rites qui ont tout de religieux avec la Taromancie forme une combinaison peu commune très caractéristique des Nomades.
Les Sorciers « handicapés » des Chantepinistes
Chez les Chantepinistes, les quelques rares pratiquants de magie des arcanes sont confondus avec les pratiquants de magie naturelle, majoritaires. Les « Sorciers« , ainsi que ces derniers se nomment, parlent aux esprits et voient dans les mages des arcanes des sorciers handicapés, incapable de percevoir le monde des esprits mais développant malgré tout leur magie. Par respect pour leurs croyances, les Aodissiens permettent aux arcanistes chantepinistes de ne pas être gérés par l’Académie d’Otaren. Il se trouve que les contacts entre Aodissiens et Chantepinistes, les meilleurs dresseurs de chevaux d’Aodissia, se sont intensifiés, accroissant l’échange culturel et la compréhension des Chantepinistes sur la véritable nature de certains de leurs sorciers. De fait, les mages des arcanes chantepinistes rejoignent peu à peu l’Académie.
Les autres
Hors de toute peuplade ou société, les pratiquants indépendants de la magie des arcanes sont rares. La pratique innée est quasiment impossible même pour quelqu’un possédant le don et seules les cultures les plus avancées comprennent pleinement le sens et la signification des procédés entrant en jeu dans le pouvoir des arcanes pour les formaliser et les enseigner. En Aodissia en particulier, les pratiquants indépendants finissent toujours par être détectés par l’Académie d’Otaren et sont, de fait, confrontés au choix de tout citoyen aodissien dépositaire du don.
Magie de l’Omnivers
Alméra n’est qu’une fraction de l’Omnivers de Loreval. Ce monde est toutefois un exemple très riche de toutes les formes de magie et de développement d’icelles qu’on puisse rencontrer dans l’Omnivers. Avec le pouvoir de la foi, le pouvoir spirituel et le pouvoir des arcanes, tous les aspects magiques du monde Alméra sont représentés. S’il existe, dans le détail, bien des formes dérivées ou primitives de ces sources de pouvoirs, il n’est pas dans l’objet de cet article de les explorer. Le jeu, en revanche, est beaucoup plus complet et aborde chaque pratique de la magie d’un point de vue culturel tant dans la forme que prennent ces pratiques que dans les pouvoirs usuellement utilisés, ceci afin de mieux comprendre comment Alméra garde sa cohérence et ses limites dans un cadre où la magie est, somme toute, extrêmement répandue.