Le Juge et le Bourreau, l’épais mystère.

Les révélations concernant le Juge et le Bourreau commenceront à faire leur apparition dès le tome 2 de l’Étau des Ténèbres. Le tome 1, Tapi dans la Clarté, ne fait que relater de façon assez sobre leur existence, laissant les hypothèses de leur exactions envahir la pensée des personnages qui croient y être confrontés. Cette phrase est particulièrement révélatrice de la manière dont, dit-on, le Juge et le Bourreau fonctionnent.

Pour ceux qui l’ignorent, ces deux termes désignent la tête d’une organisation criminelle. Je le précise car cela n’a rien d’évident au premier abord. De mon point de vue d’auteur, le choix de cette terminologie est à double sens. D’une part c’est une boutade envers la corruption. Afficher que la plus haute personnalité d’une organisation criminelle pourrait être un juge a de quoi faire froid dans le dos, mais je suis intimement convaincu que, sans forcément aller jusque là, la corruption n’a pas de limite. Le second sens est caché et fait partie des révélations qui ne manqueront pas de se dévoiler dans les prochains tomes.

Du point de vue des concernés et du Monde Éclairé, la création de ces noms n’est pas vraiment voulue et pour cause. Le Juge et le Bourreau, si tant est qu’il s’agisse de deux personnes différentes, sont des individus agissant dans l’ombre. La plus grande force de leur activité est le secret. Le fait qu’on les désigne sous ces sobriquets est en réalité leur premier échec.

Ce n’est pas tant pour mettre un nom sur ce qu’on ne connaît pas et qui, par nature, fait peur, que les monstres appelés Juge et Bourreau ont été baptisés. Telle une rumeur, les deux pseudonymes se sont inscrits naturellement dans la culture du peuple. L’image du Juge est tour à tour positive et négative pour les Humains. Duval n’est pas resté, toutes ces années durant, le plus populaire des hommes et, bien avant l’ascension d’Adana Tarsis, les pauvres et les démunis, ainsi que les petits malfrats, voyaient dans le Juge l’instrument de la vengeance du peuple contre un gouvernement trop rigide favorisant toujours les mêmes personnes : la noblesse.

Beaucoup ont déchanté lorsque le Bourreau a été associé au Juge, instillant de surcroît le doute sur le fait qu’il s’agisse d’une seule et même personne. Il est rapidement apparu que le Juge ne tolérait pas la concurrence, éliminant sans pitié ses opposants, décourageant n’importe qui de sombrer dans la criminalité sans s’associer à lui. Par sa capacité surprenante à cloisonner efficacement toutes ses activités, le Juge préserve le secret de son identité au sein même de son organisation. Tant et si bien que personne ne le connaît et que ceux qui débordent, même accidentellement, de leurs rôles dans cette structure, sont immédiatement pris en charge par le Bourreau.

L’efficacité avec laquelle le Bourreau exécute n’importe quelle cible désignée par le Juge a fait autant son nom que sa sinistre réputation. C’est à partir de ce moment que ces deux mots sont devenus des noms propres et que, à défaut d’avoir su préserver le secret de son existence, le mystérieux meneur en a joué, laissant planer le doute sur l’existence séparée d’une ou deux personnes, ou même l’idée que le Bourreau pourrait être un groupe d’assassins tant il a été prouvé qu’il était capable d’intervenir a plusieurs endroits en même temps.

Bien qu’ils n’aient jamais été menacés directement ni démasqués, le Juge et le Bourreau n’ont pas que des victoires à leur actif. Comme ils représentent une gêne sérieuse pour le gouvernement, celui-ci a renforcé les effectifs de l’Instance de l’Ordre pour les contrecarrer. Tels forces de l’ordre et mafia, l’Instance de l’Ordre et l’organisation du Juge se livrent une guerre perpétuelle. Pour aider les défenseurs du bon droit dans leur tâche, la Théologie a créé les Yeux de la Théologie, des espions chargés de s’infiltrer dans les opérations criminelles pour les dénoncer.

Finalement, après une décennie de combat dans l’ombre, on ne peut pas dire que les victoires de l’Instance de l’Ordre et des Yeux de la Théologie soient flagrantes. Dans la mesure où le Juge continue de perpétuer ses actes criminels et où le Bourreau est probablement à l’origine de plus d’assassinats que le reste des meurtriers de tout le Monde Éclairé, il est évident que la situation n’évolue pas. A tel point que certains commencent à douter de la véritable existence de cette organisation. N’est-ce pas là le nom que l’on donne à tous les crimes irrésolus pour justifier de l’incompétence des forces de l’ordre ?

Ainsi, le mystérieux Juge et son improbable Bourreau demeurent-ils, plus comme une sorte de Père Fouettard que comme un véritable réseau mafieux. La suite de l’Étau des Ténèbres, gageons-le, fera la lumière sur cette affaire.

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