SMS fondations : rien ne vaut l’exemple (1/3)

Il semblerait que mon précédent article sur le sujet ait laissé quelques incertitudes sur le sens de son contenu et une certitude sur le fait qu’on n’y comprenait rien ! Je reconnais que parler de module, de portée et de rang est on ne peut plus abscons si on ne l’illustre pas un tantinet. Si je reprends la définition de base de SMS, nom de code temporaire qui signifie Système Modulaire de Storytelling, le mot clé important de cet acronyme à retenir est modulaire et plus particulièrement le nom module, car, dans SMS, tout est modules !

Pour comprendre la mécanique de base, il faut élaborer un personnage. Si j’invente rapidement un petit background d’un personnage fictif dans le contexte contemporain, je pourrais écrire la chose suivante :

« Alfred Barrow est anglais, londonien de souche, né en 1972, ayant passé son enfance à Camden Town. Ses parents, très impliqués dans le milieu punk underground, l’ont élevé de manière assez laxiste, lui laissant faire la plupart de ses choix de vie tout seul. Sa scolarité s’en ressent et son goût pour la liberté ainsi inculquée le pousse à abandonner l’enseignement supérieur. Vivant de petits boulots auprès des commerçants de Camden, il finit par imaginer un nouveau concept de vente. Plutôt doué avec les ordinateurs, il crée un des premiers site web marchand sur un internet balbutiant pour vendre des tee-shirt imprimés à la demande. 20 ans plus tard, il est à la tête d’une multinationale, A.B.T, spécialisée sur le créneau du vêtement personnalisable. Il est toujours célibataire. »

Pour traduire ce background en modules, la démarche est simple. Il suffit de lister de manière a peu près exhaustive des descriptifs et qualificatifs qui représentent les différents aspects de cette histoire, ou, tout du moins, ceux sur lequel on veut mettre l’accent. Par exemple :

  • Londonien
  • Education punk underground
  • Scolarité incomplète et sans étude supérieure
  • Élevé à Camden Town
  • Petits boulots à Camden Town
  • Autodidacte
  • Créateur de site web marchand
  • Vendeur de T-Shirt imprimés à la demande
  • PDG d’une multinationale
  • Déplacements à l’étranger
  • Connaissance du marché du vêtement personnalisable

 

On reconnaîtra que certains faits sont déduits de son histoire, comme le fait qu’il soit autodidacte ou qu’il ait effectué des déplacements à l’étranger dans le cadre de l’élaboration de sa multinationale. En dehors de cette démarche, je me suis contenté de retranscrire en des faits simples ce que j’ai écrit dans le background. Il en découle que j’ai presque fini de créer mon personnage en fait. Chaque qualificatif ou descriptif listé ci-dessus constitue un module.

La mécanique du système a besoin de deux autres informations pour fonctionner : la portée et le rang. Le premier est indispensable pour développer le second. Pour comprendre la portée, il faut savoir un peu comment marche la bestiole. Lors d’une situation donnée, on a besoin de savoir quelle sont les chances d’un personnage d’accomplir une action avec succès.

Par exemple, Alfred Barrow veut acquérir une boutique punk à Camden. La question que je me pose alors est « quelles sont les expériences et les talents qui, dans son histoire et son présent, lui permettront d’accomplir une telle affaire ? ». Dit autrement « quels sont les modules qui entrent en jeu dans l’accomplissement de cette action ? ». Si je réponds à cette question je dirai :

  • Londonien : car Camden Town est un quartier de Londres et Alfred est de la même origine que son interlocuteur, ça aide
  • Education punk underground : car ses interlocuteurs sont de ce milieu
  • Elevé à Camden Town : car c’est là qu’il a grandi
  • Petits boulots à Camden Town : car il connaît le métier de ces gens
  • PDG d’une multinationale : car c’est à présent son métier de faire de genre d’affaire
  • Autodidacte : car dans ce domaine particulier des affaires, notre homme s’est fait tout seul.

Si l’on change un seul terme de l’action, par exemple, Alfred Barrow veut acquérir une boutique punk à Westminster, on se rend immédiatement compte que certains modules n’ont plus leur place, comme par exemple Élevé à Camden Town et Petits boulots à Camden Town alors que les autres sont toujours valables. Cela signifie de façon assez évidente qu’Alfred Barrow aura plus de facilité à acquérir une boutique punk à Camden plutôt qu’à Westminster. Autrement dit, plus le nombre de modules convergents sur une action est important plus le personnage est compétent. Cela illustre la portée d’un module. La portée est représentative de la variété des situations dans lesquelles le module va intervenir. Plus un module s’applique à un grand nombre de situation, plus sa portée est importante. Dans mon exemple, Londonien a une portée supérieure à Élevé à Camden Town ou Petits boulots à Camden Town.

Le plus dur, lorsque l’on détermine les portées, n’est pas de situer les modules les uns par rapport aux autres mais chacun d’eux dans une échelle absolue. SMS réduit cette échelle à 5 niveaux numérotés de 1 à 5, 1 étant une très faible portée, 5 la plus forte portée, en considérant toutefois que la plus forte portée (5 donc) ne signifie pas que le module sera impliqué dans toutes les actions du personnage. En effet, il n’existe pas de portée absolue, la portée 5 est donc déjà restrictive : quels que soient les qualités et talents, l’histoire et les expérience d’un personnage aucun module n’est jamais sollicité 100% du temps. Dans l’ensemble, ce jugement de valeur reste assez subjectif. Le rôle du meneur de jeu dans ce système est de trancher sur lesdites portées.

La portée joue deux rôles dans le système. Le premier est informatif. Il aiguille la personne qui lit la fiche de personnage sur la notion couverte par le module. Pour Alfred Barrow, la portée de son module Londonien est évaluée à 4. Ce module réduit son horizon à cette seule ville de son pays, occultant ce qu’il pourrait connaître du Royaume-Uni ou du reste du monde. En revanche, il couvre un champ de connaissance assez vaste, de la maîtrise de la langue à la pratique de l’environnement quotidien du londonien depuis des années, en passant par la géographie, l’urbanisme, etc.. A côté de ça, le module Déplacements à l’étranger est évalué de portée 5. Il est valable quel que soit le pays du monde, pour représenter plus une habitude de voyager, avec une grande diversité de moyens de transports et au sein de cultures très différentes sans être trop déconcerté, qu’une véritable connaissance des milieux en question.

Voici quelle pourrait être la liste finale des modules d’Alfred Barrow avec leurs portées toujours notées entre parenthèses :

  • Londonien (4)
  • Education punk underground (4)
  • Scolarité incomplète et sans étude supérieure (4)
  • Élevé à Camden Town (3)
  • Petits boulots à Camden Town (2)
  • Autodidacte (5)
  • Créateur de site web marchand (3)
  • Vendeur de T-Shirt imprimés à la demande (2)
  • PDG d’une multinationale (4)
  • Déplacements à l’étranger (5)
  • Connaissance du marché du vêtement personnalisable (3)

Le second rôle de la portée sera développé dans la seconde partie de cet article. Il est très lié à la notion de rang dont je n’ai pas encore parlé précisément. Rendez-vous dans quelques jours pour la suite.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.