Magie et fantasy

J’avais envie de faire écho à cet article de Florent Marotta sur le Blog de la Saga d’Yzé à propos de la magie en fantasy. Il est vrai que, selon ses dires, avec lesquels je suis totalement d’accord, la fantasy sans magie n’en serait probablement pas. De fait, la réflexion d’un auteur qui consiste à définir comment fonctionne la magie dans son univers fantastique est souvent à la base de sa création… Ou pas.

Si l’on considère les définitions de magie douce et magie dure évoquées dans l’article, il apparaît comme évident pour moi, auteur de l’Étau des Ténèbres, que la magie employée dans mes romans est « dure ». J’en connais en effet tous les fondements, toutes les limites et tous les mécanismes. Même si mon récit n’en laisse rien entrevoir a priori, la raison pour laquelle il y a magie, comment elle est arrivée dans le giron d’une culture, avec quelle perception et quel usage, découlent précisément des travaux de « recherche » que j’ai réalisé avant de l’inscrire dans ma narration.

Mon opinion sur le sujet et que la magie n’est pas une force « gratuite ». Comme la mythologie Star Wars le laisse entendre avec le concept de la Force, ce qui survient dans l’histoire est indissociable des éléments qui lui ont donné naissance ou qui participe au déroulement des événements. S’il n’est pas forcément important de savoir comment la Force existe, il est nécessaire de tenir compte du fait qu’elle existe et qu’elle a influencé par sa seule existence la création de cultures entières (en l’occurrence, même si on ne s’intéresse pas à l’univers étendu Star Wars, la référence aux Siths et aux Jedis est assez parlante). Même dans le monde réel, notre histoire n’aurait sûrement pas été la même si nous n’avions jamais eu de tempête, de tremblement de terre ou de tsunami. Je décris ici des catastrophes naturelles pour appuyer ma démonstration, mais, somme toute, dans un univers de fantasy il n’est pas rare que la magie soit une force de la nature. Personne ne l’invente, on la découvre ou on ne la découvre pas, mais elle n’a besoin ni de nom, ni de définition pour exister. On en était là avant la découverte de l’électricité après tout, ce n’est guère différent.

La magie dure consiste donc à savoir pourquoi la magie existe, ce qui implique le plus souvent son « comment » et « pour qui« . Si des personnages érudits de mon univers disposent d’un grand nombre de réponses et sont les plus à même de représenter le concept de magie dure, la diversité de races, de cultures, de mondes et d’histoire dans cet Omnivers (ainsi que je le nomme) a construit autant de points de vue, d’approches et de pratiques différents pour des sources de pouvoir identiques. Si je mets le focus sur une région et une époque de mon Omnivers, ce que je verrai résultera d’une histoire dans laquelle les découvertes sur la magie feront partie intégrante du ciment socio-culturel que je veux mettre en avant. En ce sens, il n’y a pas d’équivoque, l’Omnivers de Loreval, défini jusque dans ses diverses cosmogonies, est bâti sur de la magie dure.

La question de savoir si le lecteur en a conscience, voire, s’il doit ou non en avoir conscience me semble purement rhétorique. Un rôliste sera sûrement intéressé par ce qui se cache derrière tel ou tel acte magique. Un lecteur de roman n’en a cure. C’est une curiosité légitime mais inutile attendu que la magie n’est le plus souvent qu’un élément de décor, un outil et non une fin en soi dans un récit fantastique.

Je ne manquerai pas de faire un laïus introductif à la magie de l’Omnivers de Loreval un jour ou l’autre dans ces pages. L’idée n’est pas d’apporter à des lecteurs de mes romans ce qui ne serait qu’une source de confusion, mais de montrer que derrière le voile de la page de récit fantastique se trouve une réflexion bien plus profonde sur le pourquoi du comment des choses. Quant aux rôlistes, ils trouveront immanquablement cette future référence fort incomplète.

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